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Il y a ceux

Il y a ceux qui prennent les chemins de traverse et ceux qui suivent le père.
Il y a des arbres qui brillent au passage de leurs amis et d’autres qui se montrent discrets.
Il y a ceux qui prient, ceux qui pleurent et ceux qui supplient.
Il y a ceux qui téléphonent à leurs potes, ceux qui parlent fort alors que le silence est demandé.
Il y a ceux qui croient et ceux qui font mine.
Il y a ceux qui attendent ceux qui prient et qui pensent à leur liste de courses.
Il y a ceux qui testent, qui sentent et qui ressentent.
Il y a ceux qui se demandent ce qu’ils font là.
Il y a ceux qui regardent leurs montres et qui calculent à quelle heure ils pourront être rentrés chez eux.
Il y a ceux qui écoutent les moines, qui boivent leurs paroles et d’autres qui les regardent avec gourmandise.
Il y a ceux qui les vénèrent et puis il y a aussi ceux qui s’interrogent de voir ce mélange de vieux et de jeunes porter la robe.
Il y a celle qui regarde ces hommes dont les prédécesseurs ont lapidé la femme guérisseuse et dans l’amour.
Il y a ceux qui sont tatoués et ceux qui n’oseraient jamais l’être.
Il y a ceux qui vivent et ceux qui envient.
Il y a celles qui ont embrassé la religion, cherchant le père éternel ou le papa manqué.
Il y a ceux qui s’amusent et ceux qui râlent parce que l’année dernière, il y avait du café gratos et pas cette année.
Il y a des enfants qui suivent et d’autres qui précèdent.
Et puis il y a celle qui se demande comment elle va sortir de là avec ses sandales mais qui se corrige et se dit : vis le moment présent !
Il y a ceux qui filent dans l’abri du pèlerin et cherchent les toilettes. Zut ! Y’en n’a pas !
Il y a ceux qui attendent l’ouverture de la boutique et qui piaffent devant la porte.
Il y a celles qui sont apprêtées, maquillées et celles qui sont natures, coupe au carré comme il se doit avec des marmots en socquettes.
Et puis il y a MM qui accueillent tout ce petit monde, disparates et unis, silencieux ou bruyant.
Il y a cette petite fille toute bossue déjà et qui porte sur son dos des histoires sans doute très enfouies et cela depuis longtemps.
Il y a ce petit être avec un chromosome en plus, caché sous son chapeau.
Il y a ceux qui ont chaud et moi qui suis gelée.
Il y a ceux qui se font la gueule et ceux qui se tiennent la main.
Il y a ceux qui s’accrochent à leur canne et d’autres qui soufflent comme des bœufs, trempés de leur sueur dégoulinante.
Il y a ceux qui se montrent et ceux qui ne veulent pas être vus.
Il y a ceux qui sont arrivés très tôt pour être sûrs d’être assis au premier rang puis il y a ceux qui arrivent en retard croisant ceux qui partent en avance.
Il y a ceux qui connaissent les cantiques et ceux qui font semblant.
Il y a ceux qui se demandent ce que leur voisine fait là et qui donc, n’écoutent pas le prêche.
Il y a des hommes qui ont accompagné leurs femmes pour ne pas les laisser seules et qui se demandent pourquoi bon Dieu, y’a pas de bistrot sur le parvis.
Il y a ceux qui prévoient leur randonnée de demain et ceux qui se prennent en photo pour l’envoyer à Mamie.
Il y a ceux qui font la queue à l’entrée de la Chapelle parce qu’elle est trop pleine, et donc, bien trop petite.
Il y a ceux qui se recueillent et ceux qui attendent que ça se passe.
Il y a ceux qui ouvrent leur gourde et ceux qui se jettent sur leurs biscuits.
Il y a ceux qui pestent parce qu’il n’y a peu de réseau.
Il y a ceux qui ont l’air d’être montés juste pour la photo et le portrait bien cadré.
Il y a ceux qui ont promené leur chien et d’autres leur conjoint.
Il y a ceux qui flânent et d’autres qui reniflent.
Il y a ce regard azur, éveillé, lumineux, une rencontre de sourires et d’âmes.
Il y a celles qui parlent chiffons, godasses et déco.
Et il y a même des punks à chiens !
Et toujours MM, la tête légèrement penchée, la douceur dans les yeux, l’amour dans le cœur. Merci.
ANNE WEYER
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